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Agriculture biologique Autant de stratégies que d’éleveurs

Les études menées ces dernières années ont surtout cherché à comparer les systèmes biologiques des systèmes conventionnels. Une enquête menée en 2008 dans le Parc naturel régional du Pilat s’est concentrée sur les stratégies mises en place par 15 éleveurs sur deux postes clé de la conversion : l’autonomie alimentaire et la gestion sanitaire.

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L’analyse de l’étude menée en 2008 auprès de 15 éleveurs en bio ou en
conversion montre que les stratégies mises en place sont « indépendantes
du fait que les élevages soient convertis ou en cours de conversion ». (© CD)

De la production à la consommation, la Bio se développe sur tous les fronts. Le nombre d’exploitations a augmenté de 55 % de 2008 à 2010, le marché des produits alimentaires bio a progressé de 32 % en deux ans, et la restauration collective a triplé ses achats bio en en deux ans également d’après l’Agence bio. 

Par ailleurs, les premières tendances 2011 confirment la poursuite du mouvement : au cours des 4 premiers mois de l’année 2011, plus de 1 120 nouvelles exploitations ont été engagées dans la conversion à la Bio.

Fin 2010, la Bio représentait 3 % de la Sau totale en France, 4 % des exploitations et 2 % du marché alimentaire, avec des différences fortes selon les secteurs de produits. Dans le détail, la France comptait, en 2010, 1.970 exploitations spécialisées bovin allaitant (+7 % vs. 2009) et 516 exploitations en conversion, soit un total de 84.902 têtes.

Les résultats en bref

Structure des exploitations

  • Les exploitations ont des Sau comprises entre 27 et 82 ha, dont 12 exploitations sur 15 comprises entre 34 et 55 ha ;
  • Les quotas laitiers sont compris entre 80.000 et 273.000 litres.

Autonomie fourragère. Trois types de stratégies ont été mis en évidence :

  • Une stratégie caractérisée par des objectifs d’autonomie alimentaire élevés et par la maîtrise de la productivité des prairies permettant de maximiser la part de l’herbe pâturée dans la ration et la constitution de stocks fourragers ;
  • Une stratégie où les exploitants cherchent à maximiser la part du pâturage dans la ration en ayant toutefois des objectifs techniques (production laitière, productivité des prairies) modestes, avec un objectif d’autonomie alimentaire dans la moyenne de l’échantillon ;
  • Une stratégie productiviste, caractérisée par des objectifs techniques élevés et une tolérance forte sur les achats d’aliments. Le parcellaire est souvent contraignant, mais pas toujours.

Gestion sanitaire. Quatre types de stratégies ont été mis en évidence :

  • Une stratégie centrée sur la gestion technique du troupeau, avec une conduite intensive du troupeau, doublée d’une surveillance rigoureuse et avec des conditions d'hygiène et de logement optimales ;
  • Une stratégie centrée sur la maîtrise des risques par l’alimentation, où la prévention repose essentiellement sur une forte quantité de foin dans la ration, des transitions alimentaires bien gérées, et des vaches peu poussées ;
  • Une stratégie où me confort des vaches prime avant tout, avec un logement et une hygiène optimisés, sans efforts particuliers de prévention sanitaire par des pratiques d'alimentation améliorées ;
  • Une stratégie basée sur une gestion globale de la santé : dans ce cas, les pratiques d'alimentation sont améliorées pour limiter le risque sanitaire, les vaches sont peu poussées et l’éleveur privilégie leur longévité (les médecines alternatives sont utilisées de manière éclairée).
En élevage laitier, l’Agence bio recensait, toujours en 2010, quelque 1.886 exploitations (Bio + conversion), pour un total de 83.181 têtes.
« Le contexte actuel est favorable au développement de l’Agriculture biologique. Mieux comprendre le fonctionnement des exploitations ayant adopté ce mode de production, ainsi que réfléchir aux modalités d’accompagnement des conversions reste une nécessité », souligne Lucie Gouttenoire, de VetAgro Sup. 

Autonomie fourragère et gestion sanitaire

Que ce soit en élevage bovin ou allaitant, l’autonomie fourragère et la gestion sanitaire sont deux postes clé pour réussir la conversion.

Pour préciser les stratégies employées à satisfaire ces deux objectifs, l’Inra, Agroparistech, VetAgro Sup et le Cemagref ont mobilisé moyens et compétences pour réaliser une enquête « explorant et comparant la diversité des stratégies observées afin de répondre à ces questions clé », précise-t-elle.

Pour cela, une enquête menée auprès de 15 éleveurs (convertis et en conversion) installés dans le Parc naturel régional du Pilat a été lancée en 2008. Sept d’entre eux ont débuté leur conversion entre 1998 et 2000, sept autres en 2008 ou 2009, « le dernier travaillant selon des principes biologiques depuis son installation en 1975 ».

Ces entretiens ont porté sur le fonctionnement actuel de l’exploitation : objectifs, pratiques, justification des pratiques, résultats.

L’analyse statistique des informations recueillies a permis de distinguer deux typologies d’exploitations « pour caractériser respectivement les stratégies d’autonomie fourragère et de gestion sanitaire ».

Les groupes obtenus ont été interprétés en termes de types de stratégies d’éleveurs.

Un modèle à la carte

Les études menées ces dernières années ont surtout cherché à comparer les systèmes biologiques des systèmes conventionnels.
« Dans cette étude, nous avons d’abord voulu analyser le fonctionnement d'exploitations biologiques et d'exploitations en conversion ayant des structures proches, grâce à un même cadre de lecture », détaille-t-elle.
 L’analyse montre que les stratégies mises en place sont « indépendantes du fait que les élevages soient convertis ou en cours de conversion ». Ce résultat original doit ainsi incité les scientifiques et autres chargés de développement à « considérer les conversions à l’AB comme des processus singuliers et individuels, fortement liés aux objectifs de chaque éleveur ».

Concrètement, selon Lucie Gouttenoire, cela revient à mettre en place un modèle « à la carte » plutôt qu’un modèle unique « bio » en considérant « la diversité des solutions mises en œuvre par les éleveurs qui ont réussi leur conversion », conclue-t-elle. 

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.
Journée 3R : www.journees3R.fr

 

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